Ce moment de question-réponse met en évidence une forme de rupture avec l’art précédent et une certaine difficulté de se situer dans les différents mouvements existants. On retrouve un écho avec l’apparition de la photographie au XIXe siècle qui remet en cause l’art pictural, Pierre Damien Huyghes écrit : « lorsqu'apparait la photographie, Baudelaire s’inquiète pour l’art, en l'occurrence la peinture1 ». En effet, Baudelaire effectue trois rejets notables : celui de l’industrie, « […] la plus mortelle pour l’art2 », celui du réalisme : « […] qui croit à la possible “reproduction exacte de la nature3” », Celui de la bourgeoisie : « […] accusée de contempler sa triviale image sur le métal4 ».
Ainsi Huyghe explique « [la photographie] au départ bricolage au succès inattendu, remettait en cause des savoir faire, les peintres, et remettait en cause un marché, celui de la peinture5 ».
Rouillé explique que Baudelaire voyait en la photographie la « sottise » d’un public persuadé que l’art ne « peut être que la reproduction exacte de la nature6 ». On rapproche très souvent la photographie au « réel » — à l’expérience du réel. Or il est intéressant de noter qu’à l’origine elle fut comparée à la peinture. Ainsi lorsque F. Morse voit pour la première fois un daguerréotype en mars 1839, il écrivit :
Il a été frappé par la netteté de l’image qui contient tous les détails, même les plus superflus aux yeux d’un peintre : « Nulle peinture ou gravure ne peut prétendre s’en approcher […] ; en parcourant une rue du regard, on pouvait noter la présence d’une pancarte lointaine sur laquelle l’œil arrivait à peine à distinguer l’existence des lignes ou des lettres7 »